L'éloge d'Andy Warhol (1928-1987) que prononce son ami John Richardson éclaire un fait capital et trop souvent passé sous silence : « La connaissance... > Lire la suite
L'éloge d'Andy Warhol (1928-1987) que prononce son ami John Richardson éclaire un fait capital et trop souvent passé sous silence : « La connaissance de sa piété secrète change inévitablement notre perception d'un artiste qui a trompé le monde en faisant croire que ses seules obsessions étaient l'argent, la célébrité, le glamour, et qu'il était flegmatique jusqu'à en devenir insensible. Ne prenez jamais Andy à la lettre. L'observateur insensible était en réalité un ange de la mémoire. » Ange de la mémoire et peintre de la vie moderne, dont l'art entretient des rapports plus étroits avec la tradition byzantine qu'avec l'expressionnisme abstrait, plus stimulants avec Baudelaire qu'avec Truman Capote. Sa culture catholique et byzantine, son déracinement, sa fascination pour la culture « camp », son besoin de réussite, son expérience entre la vie et la mort, son humour, sa passion de l'image, lui ont permis d'accomplir ce que presque personne avant ou après lui n'a voulu croiser dans le même tissu. Le noir et la couleur, le positif et le négatif, l'avers et l'envers des surfaces, l'image et l'icône, le double et le simple, l'impermanent et l'éternité, l'illusion du vrai et le pouvoir des apparences, l'ironie et la grâce...
Alain Cueff enseigne l'histoire de l'art à l'université de Lille III et à la Rijksakademie. Il est le commissaire de l'exposition "Le Grand Monde d'Andy Warhol " (Grand Palais, Paris, 2009).