Dans une formule provocante, Nietzsche déclare que « Wagner résume à lui seul la modernité ». Cet ouvrage, complémentaire de l'étude L'Art total,... > Lire la suite
Dans une formule provocante, Nietzsche déclare que « Wagner résume à lui seul la modernité ». Cet ouvrage, complémentaire de l'étude L'Art total, grandeur et misère d'une utopie (également publié aux Presses universitaires de Rennes), part de la formulation d'un double défi posé par Wagner à la littérature : un défi représenté par Stéphane Mallarmé tout d'abord, selon lequel la littérature devrait « reprendre à la musique un bien qui lui aurait été dérobé » ; un défi associé à Thomas Mann ensuite, d'ordre éthique, esthétique et politique, qui amène la littérature à s'interroger sur la substance de la musique et de l'art en général. Ce double défi rend compte de l'enchevêtrement de plus en plus problématique des modèles historiques et esthétiques propres à la modernité, dont les contradictions fécondes et tragiques éclatent à travers l'Europe de la première moitié du XXe siècle. Dès lors, pour la littérature comme pour l'histoire des idées, Wagner ne semble plus autre chose qu'une figure informatrice de débats ne l'engageant qu'indirectement, et qui ont pour théâtre une Europe culturelle et spirituelle qu'à travers lui on divise violemment ou tente au contraire de réconcilier.