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Vincent Placoly (1946-1992), écrivain polygraphe a su redonner à la littérature caribéenne et panaméricaine un souffle nouveau après les premiers essoufflements de la négritude. Si son ouvre (roman, théâtre, nouvelle, essai, critique journalistique et politique) se situe dans le prolongement de l'ouvre de Césaire, Fanon, Zobel et des premiers écrits de Glissant ainsi que des écrivains haïtiens et latino-américains des décennies 50-60, elle se place également dans le sillage des nouvelles écritures qui semblent annoncer les nouveaux contours de l'espace littéraire américain. Le contexte politique et idéologique qui accompagne la genèse de l'ouvre de l'auteur martiniquais est à n'en pas douter à l'origine d'une vision à la fois engagée et panaméricaine de la littérature.
L'écrivain de la décolonisation qu'est Vincent Placoly met donc sa haute conception de la littérature au service de l'émancipation collective. Après le Discours sur le colonialisme de Césaire, Peau noire masques blancs et Les Damnés de la terre de Fanon, Soleil de la conscience d'Edouard Glissant, l'écriture placolienne s'inscrit dans une tradition qui confère à la littérature une mission civique et hautement politique. Les défis que constituent la désaliénation, la décolonisation des pensées et des imaginaires, la formulation de nouveaux schèmes sont autant de préoccupations chez Placoly.
La poïétique placolienne à l'instar de Carpentier puise dans l'histoire, dans le réel pour traduire la vérité de l'Être et de sociétés postcoloniales de l'arc caribéen. Il s'agit d'inventer un nouveau langage littéraire, de poser une esthétique singulière et de concevoir une éthique susceptible de transformer l'animal social.