Les invalidités semblent chargées d'une part immuable et de fixité, où se mêlent médecine, assistance et monstruosité. Mais les possibilités ouvertes... > Lire la suite
Les invalidités semblent chargées d'une part immuable et de fixité, où se mêlent médecine, assistance et monstruosité. Mais les possibilités ouvertes aux personnes invalides ont été considérablement transformées au début du xxe siècle, par le droit et le travail, à partir de la Première Guerre mondiale. C'est alors qu'a été affirmée la compatibilité de l'invalidité et de l'exercice d'un travail, alors que, depuis la fin du Moyen Âge, l'invalidité se définissait par l'inaptitude au travail. La notion de handicap est née à partir de cette idée d'un emploi possible des personnes invalides, grâce à leur réadaptation, c'est-à-dire à leur rééducation physique et professionnelle. Suivre cette histoire permet de comprendre comment, à partir de ce droit au travail, en tant que celui-ci va de pair avec un droit à une assistance inconditionnée, les personnes handicapées ont pu desserrer l'étau de la survie et de l'urgence dans lequel leurs existences avaient été jusque-là prises, en dehors des secours des familles et de la charité. Les normes médico-sociales de réadaptation sont ainsi exemplaires non pas de la toute-puissance de certains systèmes et de certaines exigences biopolitiques, mais de la fragilité et des limites des normes, en concurrence et traversées de tensions internes. Comprendre leur histoire, leurs valeurs directrices et leurs articulations permet de mieux comprendre ce qui se joue dans le droit du travail et dans les droits humains pour les personnes handicapées.