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Contre les discours métaphysiques qui s'en prennent directement aux pratiques de représentation, artistiques ou scientifiques, ce travail plaide pour une meilleure compréhension de leurs formes et de leurs inter-traductions. La représentation est le moyen d'expression du réel commun à la pensée individuelle, l'art, la science, la philosophie. La comprendre est la clé de cette circulation. Notre philosophie de la représentation se fonde sur l'hypothèse d'une continuité globale, faite de discontinuités locales par changement de formes dynamiques, entre ce qu'une certaine tradition métaphysique a tendu à séparer ou à opposer : matière et vie, corps et âme, sensible et intelligible, image et formalisation théorique, phénomènes et logique du langage. Son premier enjeu : un dépassement moniste et matérialiste de cette opposition. Sa thèse : la distance de la représentation par rapport à l'être, qu'elle risque de masquer ou de manquer, est en réalité la condition même de son pouvoir d'expression, qui n'est pas copie, mais traduction et création.
Diderot nous ouvre la voie pour dépasser l'opposition entre matière et vie, ainsi qu'entre vie et pensée, mais aussi pour sortir du " cercle " nature/culture, second enjeu de cette exploration. La continuité entre les formes dynamiques de la nature et celles de l'art suppose une discontinuité : la création d'une réalité nouvelle par des techniques de représentation. Elle peut se comprendre comme dynamique de concentration de l'expression par la forme. Ce principe esthétique, non pas a priori mais expérimental, est aussi, dans la pensée de Diderot, épistémologique : cette communauté d'esprit et de pratique des arts et des sciences est au cœur de notre réflexion. Or, elle s'enracine dans l'expérience perceptive et si la perception est elle-même expression du vital, c'est dans la vie qu'il faudra chercher l'origine de ces formes dynamiques communes : tel est le sens de notre effort et la raison de son inscription dans une filiation diderotienne.
Vie, perception, représentations mentales, représentations artistiques et scientifiques du réel semblent obéir à un principe dynamique et formel commun : celui de l'économie des moyens pour exprimer plus et mieux. En le questionnant, ce travail constitue une introduction philosophique à l'exploration des champs du vivant, des pratiques et des savoirs. Son approche de l'art, de l'esprit et des sciences dessine le cadre théorique de leur enracinement bio-symbolique.