Ainsi donc, je mourrai là où je loge. Dans une boîte. Cela s'est imposé à moi alors qu'à l'aube, depuis le minuscule balcon sur lequel donne mon... > Lire la suite
Ainsi donc, je mourrai là où je loge. Dans une boîte. Cela s'est imposé à moi alors qu'à l'aube, depuis le minuscule balcon sur lequel donne mon conteneur placé en bout de rangée avec une paroi à pic au-dessus de la mer, je guettais l'apparition du soleil. Lorsqu'il se lève sur ma gauche et que la nuit précédente, nous avons largué les amarres dans un port greffé sur le désert, je sais que nous avons mis le cap sur l'Asie. Et j'aurai beau attendre midi, un soleil à l'aplomb du radar qui coiffe le château et espérer une journée sans brume, jamais je ne parviendrai ne serait-ce qu'à deviner ce qui se trouve à bâbord. Un porte-conteneur ne fait pas de cabotage et ses occupants ont ainsi toute latitude, comme moi aujourd'hui, pour imaginer un lent déroulé de plages sablonneuses. La locataire de l'un des dix mille conteneurs du Ship Flowers entreprend, pour résilier son bail, de contacter son propriétaire domicilié dans un paradis fiscal. C'est le début d'une correspondance au long cours, rassemblée dans ce roman épistolaire.
Une loge en mer est le troisième roman de Magali Desclozeaux après Le crapaud (Plon, 1999, sélectionné pour le Goncourt du 1er roman) et Un deuil pornographique paru chez Flammarion en 2003. Après des récits intimistes, la romancière voulait donner à lire les ravages de la mondialisation sur les petites gens. Elle-même a fait un voyage sur un porte-conteneurs (grâce à une bourse du CNL) et enquêté pendant des années sur les rouages de la finance internationale en vue d'écrire ce roman grinçant.