Une liaison

Entre la tendresse qu'il porte à sa femme, et la passion qui l'attache irrésistiblement à une autre, Jérôme se sent l'homme le plus déchiré, le plus responsable du monde. "L'amour enlace, l'amour étrangle", disait Alain. La douleur inéluctable de l'amour, multipliée par les miroirs contraires du désir et du devoir, du plaisir et du mensonge, jamais sans doute n'avait brûlé à ce point les pages d'un roman. Combien de fois Jérôme a-t-il pris la décision irrévocable de rompre avec Florence ? Pour s'arracher à elle, quel plan n'a-t-il pas conçu, quelle lourde machinerie n'a-t-il pas mise en place contre lui-même ? Pourtant, il est toujours la première victime de cette interminable guerre d'embuscades, puisque c'est sur lui que viennent se briser les autres, exactement comme s'il était coupable de la difficulté de l'amour. La souffrance ? "Elle ne vaut peut-être", écrit l'auteur, "que par la fuite vers le plus haut de soi." Cette quête intérieure, cette lente progression derrière le masque troublé des visages et des cours, avaient déjà fait l'objet des deux précédents romans de Michèle Saint-Lô, « Le cour fou » et « Le poids du bonheur », dans lesquels la critique avait salué une étonnante résurgence du roman d'analyse psychologique.
Avec ce troisième livre, le plus serré, le plus déchirant, il semble que nous touchions enfin au cour du problème : l'amour serait-il impossible ?