Les copains qui y figuraient me venaient presque tous de l'enfance. Leurs adresses, périmées, dessinaient dans mon esprit le plan d'une ville disparue.... > Lire la suite
Les copains qui y figuraient me venaient presque tous de l'enfance. Leurs adresses, périmées, dessinaient dans mon esprit le plan d'une ville disparue. Le second répertoire cachait des amis de caverne, de catacombes ; des personnages dont la voix, au bout du fil, sentait l'alcool. Je portais le troisième sur mon cour, et tâtais souvent la poche de ma veste pour m'assurer qu'il était bien là. Il me servait en cas d'urgence, lorsque les voitures, au milieu des carrefours, me cernaient. Sur le dernier enfin, je n'acceptais que des êtres élus, pour qui j'eusse été prêt à mourir sur-le-champ. Ainsi, je me croyais paré.