Le Passé d'une illusion : essai sur l'idée communiste au XXe siècle, paru en 1995, a été accueilli par un concert d'éloges qui a rendu inaudibles... > Lire la suite
Le Passé d'une illusion : essai sur l'idée communiste au XXe siècle, paru en 1995, a été accueilli par un concert d'éloges qui a rendu inaudibles les objections critiques qui lui étaient adressées, et étouffé la discussion théorique, historique et politique que François Furet a sans doute souhaitée. Pourtant, la qualité même de cet essai n'en rend que plus urgent un débat approfondi, rigoureux si possible, vigoureux si nécessaire. Tel est l'objet de ces répliques. L'auteur, en effet, se prévaut d'une conception libérale de la société et d'une interprétation libérale de l'histoire : elles forment l'arrière-plan théorique et politique de son essai, en orientent les démarches et en guident les conclusions. De fait, le communisme au XXe siècle ne serait rien d'autre qu'une réaction antidémocratique dont l'effondrement ne laisserait subsister que « le répertoire familier de la démocratie libérale ». Si François Furet propose une évocation incisive et des explications stimulantes des vagues successives d'illusions qui ont accompagné l'histoire de l'URSS, il confond dans une même condamnation et sous une même appellation - « l'idée communiste » - des projets et des idéaux (très divers) et des cristallisations historiques (très variées). Que vaut théoriquement et politiquement ce verdict ? Le stalinisme est-il la vérité, sans restes et sans héritage, du communisme ? Quand François Furet s'efforce d'en finir avec l'histoire passée, ses mobiles politiques l'emportent-ils sur ses analyses d'historien ? L'objectif des auteurs est donc double : montrer pourquoi l'ouvrage de François Furet suscite des questions, et en quoi celles-ci appellent souvent d'autres réponses que les siennes.