« Bouba est immobile au centre de la pièce, interdit. Il effectue deux pas en retrait et s'assied sur sa couche. En un mouvement de rage contenue,... > Lire la suite
« Bouba est immobile au centre de la pièce, interdit. Il effectue deux pas en retrait et s'assied sur sa couche. En un mouvement de rage contenue, ses mains réduisent à rien le papier de la missive recommandée. Mêlée à cette rage sèche, une manière de désespoir, qui vient brûler ses lèvres, ses joues, son front. Bouba, en slip sur son lit-couche. Contemplant son habitation-cage. Ses mains continuent de froisser le chiffon de la lettre. Il vit dans une cage, en effet, et lui, peau noire, s'y accorde merveilleusement. Et lui, avec son odeur africaine, en est l'habitant rêvé, choisi. Bouba le Noir sur dix mètres carrés de logement indigne. Quatre murs qui suintent d'humidité pendant six mois de l'année, tandis que l'été, cela devient pareil à un marais : évaporations intenses, chaleurs lourdes, touffeurs malsaines accompagnées de pullulements d'insectes, haleines maladives descendant des étages pour se concentrer en épaisseurs presque palpables. »