Ubu, présenté pour la première fois au public en 1888, ne pouvait que grandir pour devenir un symbole esthétique et moral et toucher de nombreuses... > Lire la suite
Ubu, présenté pour la première fois au public en 1888, ne pouvait que grandir pour devenir un symbole esthétique et moral et toucher de nombreuses générations de spectateurs. L'affreux bonhomme n'a d'ailleurs même pas besoin de la scène : il apparaît rapidement comme une référence, le terme « ubuesque » entre rapidement dans la langue. Quelques jours après la création, on apostropha le président du conseil pour le traiter de « Père Ubu ». Parmi ses nombreuses hardiesses, la pièce ose s'amuser de nos habitudes littéraires, détournant avec délectation de nombreuses références. L'intrigue, réduite à un prétexte, apparaît secondaire au regard des jeux, des décalages ironiques, d'un style tout en excès, sous l'égide de l'autorité littéraire de Rabelais. Jarry se voit considéré comme l'un des principaux créateurs du théâtre contemporain. Pour la première fois, la pièce d'Alfred Jarry fait l'objet d'une mise en scène sonore, sur une musique originale de Vincent Bouchot. Qui d'autre que Judith Magre et Michel Aumont pouvait se glisser dans la peau du Père et de la Mère Ubu, et scander les « Merdre » avec autant de veine rabelaisienne ? Claude Colombini-Frémeaux