Biographie de Frank Mayer
Frank Mayer, mort plus que centenaire, est à certains égards typique de l'old timer dont on recherchait les récits et anecdotes dans les années 1940-1950, et qui ont ainsi contribué à édifier la légende de l'Ouest.
Depuis sa naissance en 1850 à La Nouvelle-Orléans, on a l'impression qu'il a quasiment tout connu des grands événements marquant l'histoire de la Frontière ; il aurait ainsi, très jeune, été clairon durant la guerre de Sécession ; mais c'est à la fin de cette dernière que sa vie va connaître un tournant majeur, en ce qu'il va participer, en en étant plus ou moins conscient, à un des plus grands désastres écologiques causés par l'homme.
Son récit de ces années plus ou moins glorieuses a été édité à titre posthume ; il semble cependant authentique, du moins dans la mesure où il s'agit bien des souvenirs de Frank Mayer tels qu'il a pu les confier à un journaliste.
D'où ce petit livre passionnant, écrit dans un style oral très gouailleur, et qui participe pleinement de la légende de l'Ouest.
Frank Mayer se présente volontiers, et peut-être avec un certain cynisme, comme un businessman.
Il s'agissait pour lui, comme pour tant d'autres, de faire de l'argent, au cours de cet avatar improbable de la ruée vers l'or.
Âgé d'une vingtaine d'années à peine, il apprend ainsi le métier auprès des meilleurs, avant de se lancer véritablement. S'ensuivront un peu moins de dix ans de carnage, de « meurtre » bien plus que d'aventure, comme Mayer le reconnaît volontiers.
Si Frank Mayer n'a livré cette « confession » qu'au crépuscule de sa longue vie, il y fait néanmoins preuve d'une grande lucidité, et se montre un conteur habile, à même de séduire son public tout en le prenant régulièrement à contre-pied.
Au-delà des seules anecdotes - qui valent le détour, hein -, le vieux coureur livre ainsi un fragment de l'histoire de l'Ouest dont l'importance est essentielle. Et il nous offre à l'occasion quelques tableaux fascinants, que ce soit à propos de la chasse en elle-même, ou bien de ses conséquences : l'image de ces grandes plaines autrefois foulées par les bisons et désormais « civilisées » marque durablement ; les bisons et leur herbe ont disparu.
de même que les Indiens. Et c'est ainsi une page peu glorieuse de l'histoire de la Frontière qui s'est tournée.
Témoignage exemplaire, fascinant de bout en bout, Tueur de bisons est une lecture éminemment recommandable.