On fait un enfant à deux. Dans l'intimité d'une chambre. Dans le secret des lieux. Ça ne regarde personne. Puis on attend un enfant, et on tombe dans... > Lire la suite
On fait un enfant à deux. Dans l'intimité d'une chambre. Dans le secret des lieux. Ça ne regarde personne. Puis on attend un enfant, et on tombe dans le domaine public. Que le test de Grossesse comporte un "témoin", ça veut tout dire. Car désormais, ça regarde tout le monde. A commencer par nous. Pour ce petit on vise le prix d'excellence. Enceinte, il faudrait arrêter les bains chauds, les kilos, les Kir et la Dunhill. Malgré tout, neuf mois de culpabilité. Et pourtant ça c'est pain blanc. Sitôt né, trois kilos de chair rose. A peine sortis de nous, qui pleurent. Déjà l'impression qu'on l'abandonne ? A suivre les pédiatres, les psychologues, les pédo-psychologues. Avec eux en bonne mère on a mis au point une éducation à principes. Principe 1 : "La tétine jamais". Après deux semaines on la lui enfourne systématiquement. Principe 2 : "Un enfant, il faut le sortir". On ouvre grande la fenêtre et on gare le transat devant. Principe 3 : "Ne pas fumer dans la même pièce que le petit". La cuisine transformée en fumoir, ça a duré trois semaines. La belle-mère s'y met aussi : "Quand on fait des enfants c'est pour s'en occuper." On reprend quand même le chemin du bureau en mettant du cour à l'ouvrage. Du moins on essaye. Personne pour nous y pousser en tout cas. Et cette année si on veut de l'avancement il faudra rester à Paris en juillet-août. La concierge alors s'en mêle : "Il ne part pas en vacances ce petit ? Il est tout blanc." On lui assure donc des loisirs. Susceptibles d'éveiller de façon optimale ses capacités psycho-motrices. Car les statistiques sont formelles, on ne s'éreinte pas huit heures par jour derrière un Macintosh pour voir son petit glisser vers un CAP sanitaire et social. Comme nous. La culture poursuite commence bien avant l'entrée en maternelle. Dès le test de la lapine...