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Pour Hitler, l'extermination des "races inférieures", à commencer par la "vermine juive" pour continuer par les Slaves, était étroitement liée à l'indispensable conquête du Lebensraum, "espace vital", mais aussi "habitat" et "niche écologique" pour la race nordique-germanique. La seule écologie saine consistait à éliminer l'ennemi politique, la seule politique saine à en purifier la terre.
D'où ce livre original et puissant, qui reprend dans toute son ampleur la genèse et le déroulement de l'extermination des Juifs. Celle-ci ne pouvait se réaliser que si l'Allemagne détruisait d'autres États. Au début, Staline l'a aidé dans cette entreprise, puis l'invasion de l'Union soviétique a créé les conditions autorisant le meurtre de millions de personnes.
Les territoires où l'État était détruit devenaient des zones de ténèbres où presque tous les Juifs mouraient. Si certains ont pu néanmoins survivre, c'est grâce à des institutions ressemblant à des États et à quelques rares Justes qui ont aidé des Juifs sans le secours de quiconque au péril de leur vie.
En conclusion, l'auteur débouche sur les perspectives d'un renouvellement possible, et même probable, des massacres de masse. La planète change. Avec la fin de la révolution verte, le réchauffement climatique, la pénurie d'eau et d'hydrocarbures, l'avenir laisse prévoir des situations qui rendraient à nouveau plausibles les visions hitlériennes de la vie, de l'espace et du temps.
Terre noire, traduction littérale de Black Earth, désigne précisément les riches terres à blé d'Ukraine convoitées par Hitler. Le titre résonne aussi d'un sens plus général, comme une métaphore de ce qui nous attend. Comprendre alors les mécanismes de l'Holocauste est peut-être le moyen et la chance, la dernière, de préserver l'humanité.