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Marseille n'aime pas seulement imiter ses cartes postales, elle aime aussi dévorer ses propres enfants. Un seul refuse de se plier à cette malédiction millénaire : Samson Derrabe-Farigoule. Sa grande gueule défie la Grosse Ville en une imprécation flamboyante, vibrante de griefs accumulés. Sous le flot de son verbe vengeur, les murailles de la Ville-Mère se fissurent pour faire apparaître la très puante réalité. Ravi par l'expression « rôtir le balai » trouvée chez Saint-Simon, Stendhal remarque : « La langue dégénère et perd son caractère parce que les vanités et les convenances (qui ont déjà tué la gaieté) empêchent d'employer ces mots. » Et Werner Schwab confirme : « La langue vivante a été détruite par la politique, la bureaucratie et la publicité. Le langage est à présent dressé comme un berger allemand. » Loin de la littérature encagée et des romans policés qui encombrent les librairies, Gilles Ascaride fait un malheur en déchaînant ses grandes orgues marseillaises. Né à Marseille, il a toujours affronté sa ville à mains nues. La grande pécheresse a tenté cent fois de le détruire, il a toujours survécu. L'écriture étant pour lui un sport de combat, elle lui sert de P38 dans ses plus redoutables affrontements. Détesté des élites locales, évadé de différentes fêtes du livre, interdit de dédicaces, mis au ban de la littérature contemporaine, il mène avec une poignée de compagnons hardis une guerre de harcèlement par l'arme du rire, qui le conduira tôt ou tard à l'échafaud de la critique locale et nationale.