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La Suma de reyes du grand dépensier de la reine Aliénor d'Aragon, première femme de Jean Ier de Castille, est une chronique générale abrégée rédigée entre 1402 et 1405 par un homme appartenant à la maison de l'infant Ferdinand, frère d'Henri III de Castille, qui a souhaité garder l'anonymat, ne dévoilant que son ancienne charge à la Cour, mais dont on peut supposer avec Diego Catalán qu'il est juif. Son texte est étonnant en soi, dans la mesure où il parvient à ménager la susceptibilité des pétristes en passant sous silence la guerre civile des années 1366-1369, tout en légitimant avec habileté la prise de pouvoir d'Henri II. L'histoire de sa diffusion, qui passe par la rédaction d'une version expurgée des éloges que l'original adressait à l'infant Ferdinand, par celle d'une refonte datable des années 1465-1468 et par celle d'une version actualisée au début du règne d'Isabelle (vers 1476) ne l'est pas moins. Un siècle après sa rédaction, cette pièce de l'historiographie trastamariste sera devenue un texte pétriste, utilisé par la famille Castilla pour réhabiliter leur ancêtre Pierre le Cruel. L'édition de Llaguno Amírola, de 1781, sur laquelle a longtemps reposé notre connaissance de l'ouvrage, est notoirement dépassée, et il était devenu nécessaire de lui substituer une édition critique plus fiable, qui prenne en compte la totalité des manuscrits conservés et soumette l'ouvre à un questionnement renouvelé.