"M. Élémir Bourges vient de publier, à la Librairie Parisienne, un nouveau roman. Sous la hache est un épisode terrible de la chouannerie vendéenne.... > Lire la suite
"M. Élémir Bourges vient de publier, à la Librairie Parisienne, un nouveau roman. Sous la hache est un épisode terrible de la chouannerie vendéenne. L'intérêt n'y manque point, et le style en est d'une couleur savante, quelquefois d'une couleur de sang, comme l'époque qu'il raconte. Il y a dans ces pages une puissance sauvage qui fait frissonner, d'admirables paysages peints au couteau, on pourrait dire au couperet. J'ai retenu particulièrement un combat que chouans et bleus se livrent dans une église de village, et qui rappelle, par la fièvre et le mouvement, le fameux combat des blattiers du Chevalier Des Touches, de notre illustre maître Barbey d'Aurevilly." Octave Mirbeau
extrait:
Le Caqueux, sans bouger maintenant, les yeux tendus vers la charrette, demeurait béant, à la fois d'admiration et de désir. On l'avait arrêté à Sainte-Pazanne, sur la place des exécutions ; il n'avait pas fait un seul mouvement, tant que la guillotine avait fonctionné. Cette géante toute rouge, avec ses deux bras teints de sang et son glaive à couper les têtes, était apparue au Caqueux comme un Moloch dévorateur et se rassasiant de meurtres. Cette brute aux idées informes, avait compris la grandeur de ce Dieu, à qui appartenaient le sang, la chair des hommes ; - et à la fin, n'y tenant plus, dans un prurit d'angoisse et de plaisir, Coatgoumarch s'était rué sur l'échafaud, avait voulu toucher au couperet et baiser les poteaux sanglants ; mais arrêté dans le moment, il avait comparu devant la Commission, et c'est ainsi que Bénaben, à force de l'interroger, avait tiré de l'idiot qu'il arrivait de Saint-Judicaël. Il y avait vu torturer des Bleus qui passaient, isolés, et il avait été lui-même en danger d'être lapidé.