Ce chant du monde, en larges, copieux et musicaux vers ou versets - d'un sûr balancement oratoire - est chatoyant de couleurs, d'effluves. Est présente... > Lire la suite
Ce chant du monde, en larges, copieux et musicaux vers ou versets - d'un sûr balancement oratoire - est chatoyant de couleurs, d'effluves. Est présente d'abord la Bretagne (que le poète a campée de façon mystérieuse, un peu fantastique, dans son très beau recueil de 1980, Les Geuvilains, d'une veine tout à fait différente), puis la Camargue, la Provence où l'âme se repose, l'Afrique aux tam-tams, la Chine, le Thibet, l'Inde ou la Baie du Saint-Laurent, dans ses glaces. Tout est lumière et naissance, ici, danse, litanie de noms de fleurs, description savoureuse, ardente, de phares adoucissant la nuit, de bateaux rentrant au port, de criées aux fortes senteurs ; là-bas, au Sud, taureaux dans les marées de sel et Gitanes aux jupes souples. Les eaux plurielles sont indispensables à la joie de vivre du poète, à son éloge des vacances pour chaque travailleur. Il a des images humbles et fortes, comme chez Jammes, parfois : « Le grillon au cour d'horloge chante sa chanson de nuit ». Les choses vraies scintillent. On peut rêver d'îles à moulins aux ailes folles. On peut aimer, aussi. Dans les lieux magiques qui nous sont racontés, où se déploient les « sources vives du premier baiser ». L'amour est le contre-point indispensable à la splendeur solaire Mais il n'aveugle pas le poète qui sait aussi critiquer férocement le massacre des forêts par des Blancs sacrilèges en Amazonie.