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La connaissance du social ne va pas de soi. Historiquement, la plupart des fondateurs de la sociologie ont réexaminé l'ensemble du système des sciences : en suivant, ou en rejetant, les modèles issus de la physique ou de la biologie, ils cherchent à constituer une autonomie de cette connaissance qui reste fidèle à l'idée qu'ils se font d'une science. C'est toute la question d'une sociologie bâtie et défendue à l'aune de modèle des sciences de la nature que ce volume cherche à explorer, à la fois sous l'angle historique de sa constitution, et sous l'angle épistémologique de sa relation avec son objet. En effet, l'épistémologie classique, fondée dans une très large mesure sur l'étude des sciences de la nature, n'a pas vraiment été à même de rendre compte de la spécificité des sciences sociales, souvent accusées de ne pas satisfaire de critères suffisants de justification. Or, la sociologie établit un lien propre avec son objet, car elle s'adresse à lui et s'occupe des problèmes qui sont l'actualité même du monde social. À cause de ce lien, la sociologie n'est donc ni un strict équivalent d'une physique du social, ni un simple discipline historique qui se centrerait sur le monde contemporain : elle est engagée, d'une certaine manière, dans un dialogue avec la société, et l'analyse historique du développement de la sociologie permet de montrer comment elle a construit cette relation, à travers les métamorphoses de la question sociale. Dès lors, à la logique de la découverte et à celle de la justification, traditionnelles dans la philosophie des sciences, il faut adjoindre ce que l'on pourrait appeler une logique de la réception. C'est ce qui est proposé ici, à travers une approche phénoménologique et dans la lignée des travaux entre autres, de Gadamer, Habermas et Jauss, sous le terme plus générique d'épistémologie de la réception.