« Les hommes se reproduisent, non le fer. »Simone Weil (1909-1943) fut une lanceuse d'alerte dont la voix fut recouverte en son temps. Elle nous parvient... > Lire la suite
« Les hommes se reproduisent, non le fer. »Simone Weil (1909-1943) fut une lanceuse d'alerte dont la voix fut recouverte en son temps. Elle nous parvient aujourd'hui alors que les menaces qu'elle avait identifiées s'accomplissent : le système capitaliste est sur le point de se heurter aux limites de notre planète. Aucune existence humaine n'échappant aux besoins, ceux conjoints du corps et de l'âme, Simone Weil a tenté de concevoir un projet de civilisation capable d'accorder la tension entre liberté et nécessité. Par son exigence d'une pensée lucide, le refus de la force et de la vitesse, la coopération, la décentralisation, l'amitié et le sens de la beauté, son projet annonce celui de la décroissance. Pour Geneviève Azam et Françoise Valon, son appel à une dissidence ultime doit donc plus que jamais être entendu.
La pensée et la trajectoire fulgurante de Simone Weil (1909-1943) demeurent méconnues. Agrégée, normalienne, très critique à l'égard du marxisme, mais résolument du côté du monde ouvrier, elle s'implique très vite dans les luttes de son temps. Elle accompagne en Aragon les miliciens anarchistes de la colonne formée par Buenaventura Durruti ; en 1939, elle rejoint la Résistance à Londres. Après avoir cessé de se nourrir en solidarité avec les Français soumis au rationnement alimentaire par l'occupant allemand, Simone Weil contracte la tuberculose et meurt le 24 août 1943, à l'âge de 34 ans. Son ouvre ne sera publiée qu'après sa disparition. L'Enracinement est son ouvre la plus achevée.