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Le 18 avril 2014 sur le versant népalais de l'Everest, une avalanche tuait seize sherpas qui préparaient la voie pour leurs riches clients amateurs de sensations fortes. C'était la première fois depuis sa conquête par Edmund Hillary et le Sherpa Tenzing Norgay en 1953, que le Toit du monde tuait autant d'hommes - tous népalais - en une seule journée.
Après cette tragédie relayée par les médias du monde entier, les sherpas ont déserté le camp de base de l'Everest en mémoire de leurs disparus et pour redéfinir leur statut professionnel. Les expéditions qui ne peuvent se monter sans leur collaboration ont été aussitôt interrompues.
Cet accident - et le mouvement de revendication sans précédent qui l'a suivi - a jeté une lumière crue sur les divergences d'intérêts entre ces montagnards locaux qui risquent leur vie pour mieux la gagner, un État népalais corrompu et dépassé et des étrangers consommateurs d'exploits. Les sherpas - conscients de la manne financière que représente "leur" Everest - veulent, eux aussi, obtenir leur part.
Sherpas, fils de l'Everest, rédigé après une enquête et des dizaines d'interviews menées de la vallée de Katmandou jusqu'au camp de base de l'Everest, témoigne de l'évolution des mentalités des porteurs d'altitude, ces montagnards aux capacités physiques hors norme sans qui l'industrie de l'alpinisme et du trekking népalais n'existerait pas.
Patricia Jolly est reporter au Monde depuis 1995 et spécialiste de la montagne.
Laurence Shakya est traductrice-interprète diplômée de l'INALCO en langue népali et installée à Katmandou depuis trente ans.