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L'ouvre de Hugo a ceci de comparable avec celle de Goethe qu'elle est « incommensurable ». Leurs vies - du moins leur trajectoire - sont en revanche diamétralement opposées. Hugo passe 19 ans en exil sur les îles anglo-normandes, par haine du régime impérial et désir de défier Napoléon III. Il n'y retrouve pas seulement l'inspiration, il y écrit ses plus belles ouvres : Les Contemplations (1856), La Légende des siècles (1859), Les Misérables (1862) et William Shakespeare (1864). Son retour triomphal à Paris en fait un symbole de la République. Cependant Hugo est bien plus que ce vieillard débonnaire aux cheveux en brosse et à la barbe blanche, grand patriarche de la Nation entouré de ses petits enfants, qu'on veut faire de lui. Sa littérature est peuplée de monstres et saturée d'outrances. En quoi Hugo est moins proche de Racine, Voltaire et Lamartine, ses compatriotes français, que de Homère, Dante et Shakespeare, ses frères européens.
Vincent Laisney, maître de conférences à l'université de Paris-Ouest, est l'auteur de L'Arsenal romantique (Champion, 2002) et de L'Âge des cénacles (Fayard, 2013).