Né entre deux continents, d'un père français et d'une mère américaine, en vérité hostile à toute citoyenneté, Géro, qui avait reçu tous les... > Lire la suite
Né entre deux continents, d'un père français et d'une mère américaine, en vérité hostile à toute citoyenneté, Géro, qui avait reçu tous les dons, a passé sa jeunesse à les gaspiller. Pourtant, toute sa vie, un homme l'a fasciné : Andréas Italo Atarasso, célèbre assyriologue, comme s'il voyait en celui-ci un modèle. Un hasard amène Géro à réviser les carnets intimes dans lesquels le savant a laissé courir sa plume et son imagination. C'est la propre fille, Sandra, d'Atarasso qui demande à Géro d'effectuer ce travail. Ce ne sera pour lui qu'un prétexte à une création personnelle. Revenu en Amérique, Géro apprend quatre ans plus tard que le manuscrit a été publié sous le nom d'Atarasso et est devenu la grande révélation littéraire du moment. Vainement il s'efforce de dénoncer la supercherie dont il a été victime. Qui croirait qu'un aventurier de son espèce ait pu écrire cette ouvre majeure ? Le refus d'avoir été l'instrument involontaire du mythe posthume d'Atarasso l'amène à reprendre la plume et à écrire un second livre qui est comme le prolongement du premier. Revenu en Europe avec l'intention de le publier, il finira par se dessaisir du manuscrit par un renoncement volontaire. Qui peut croire qu'il parle en son nom ? Si une ouvre a une chance de durer, n'est-ce pas précisément par cette puissance d'expulsion qui lui permet d'effacer son auteur et de devenir non l'occasion d'un débat restreint, mais un lieu de vérité accessible à tous ? Cette ouvre ambitieuse, à la fois romanesque, foisonnante, pleine de voyages et de jeunesse, où sont évoqués tour à tour les Grands Lacs américains, Venise, le sud de l'Italie, le Paris de 1945 et Nashville (Tennessee), est en même temps une quête de l'ouvre au sens borgésien ; et une grande réussite de Camille Bourniquel.