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Le 26 octobre 1912, après plus de quatre siècles de domination turque, Salonique redevient grecque. Une ère nouvelle s'ouvre avec la fin de la première guerre balkanique qui libère la ville pour la rendre à ses occupants premiers. Cet événement inaugure une série de transformations majeures. C'est le début d'une grande entreprise de « colonisation intérieure ». Comment la cité ottomane cernée par ses antiques murailles a-t-elle progressivement évolué vers la métropole moderne d'envergure internationale que l'on connaît aujourd'hui, forte de son million d'administrés ? De la ville à l'agglomération puis à la région urbaine finale, comment le double processus d'expansion et de restructuration s'est-il appliqué à l'espace urbain et à la population locale ? La cité cosmopolite du début du siècle s'est effacée par étapes successives. La mosaïque de populations juive, slave, turque, valaque, albanaise, arménienne a été remplacée par un flot d'immigrants et de réfugiés hellènes issus d'horizons proches ou lointains, dans un va-et-vient incessant de mouvements migratoires contraires. L'exode rural et les retours migratoires d'Allemagne ont entraîné une densification des constructions, et une expansion périphérique remarquable. Pourtant, la refonte du bâti, les aménagements multiples et le déferlement de l'urbanisme « néo-hellénique » n'ont pas fini d'effacer les traces de la capitale économique de la Turquie d'Europe, et d'en faire une ville sans histoire ou sans mémoire. Déclarée capitale culturelle de l'Europe en 1997, distante d'une quarantaine de kilomètres de la frontière slavo-macédonienne, Salonique s'établit en avant-poste européen face à une péninsule balkanique soumise à de nombreuses vicissitudes : difficultés économiques graves, conflits ethniques ouverts ou latents, rouages politiques bloqués ont fait fi des espoirs de renouveau perceptibles au début de la décennie 1990.