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À la fin du XIXe siècle, le mythe de Salomé suscite chez les artistes une fascination à nulle autre pareille : la princesse de Judée, qui incarne la femme « naturelle, c'est-à-dire abominable » selon le mot de Baudelaire, devient une figure majeure de l'imaginaire décadent, inspirant indifféremment peintres, poètes et romanciers.
De cette danseuse fatale, Wilde donna dans Salomé (1893) l'une des interprétations les plus marquantes de l'histoire de la littérature. La tension croissante de ce drame en un acte traduit la montée du désir monstrueux de Salomé, la fille d'Hérodias, pour le prophète Iokanaan. Cruauté, sacrilège, étrangeté et érotisme se mêlent dans cette pièce dont Mallarmé salua les « perpétuels traits éblouissants », et dont Pierre Loti a pu dire : « C'est beau et sombre comme un chapitre de l'Apocalypse. »