Saisons de miel, douces comme notre enfance, comme le village paisible où elle se déroula, comme le cercle familial dont la tendre affection fut un secours et un appui. Saisons de miel, notre trésor secret, dont l'on retrouve toujours avec émotion les bribes de souvenirs, merveilleux, disparates et sans doute un brin transformés pour notre plaisir. Les "Saisons de miel ?" de Guy Henry ont donc, pour elles, tout ce charme, qui est réel et qui sait si bien nous prendre.
Elles sont, en plus, le portrait d'un monde défunt (pourtant si proche dans le temps, mais si dissemblable !) avec d'autres données, d'autres matériaux, et surtout une autre manière de vivre. Une époque où il semble que l'on s'appartenait davantage, où les jours avaient des dimensions différentes. Les écologistes trouveront plus que leur compte à ce livre. Dans son village natal, Guy Henry, tout proche de la nature, y participait avec passion, car elle lui apportait un complément, un équilibre, un bonheur d'être : les travaux des champs, la chasse, la pêche et les galopinages...
L'époque venue d'être instituteur, Guy Henry accomplit sa tâche comme ceux de sa génération, à la manière d'un sacerdoce. Un travail jamais parfait, jamais fini, mais qui est si riche de prolongements sociaux. Tout cela contribue à l'attacher, à l'enraciner et lui permet de vivre pleinement l'existence de ce coin de terre avec ses joies paisibles, certes, mais aussi ses drames. Par exemple, la mort terrible de Léon Benoît, qui fut vraiment ce que Brassens appelle « un bel assassinat ».
Par exemple la guerre de 40, qui ravage, qui divise, qui tue. Enfin, avec des soucis d'aïeul, Guy Henry se penche sur son beau village. Il s'interroge sur le devenir de « Rocourt », qu'il voudrait le meilleur possible. Tel se présente "Saisons de miel ?", comme une méditation, comme une soirée-souvenir peuplée d'anecdotes enjouées, à l'intention des amis, comme une espérance, qu'une plume assurée et bienveillante déroule pour notre plaisir.