Voilà bien un vrai défi que de s'intéresser aux saints guerriers ! L'expression est en soi un paradoxe : comment prétendre à la sainteté en portant... > Lire la suite
Voilà bien un vrai défi que de s'intéresser aux saints guerriers ! L'expression est en soi un paradoxe : comment prétendre à la sainteté en portant les armes ? Serait-ce alors une concession au cliché « moyenâgeux » du bon chevalier défenseur de la veuve et de l'orphelin, se préparant à l'adoubement par une nuit d'oraison, avant d'affronter les ennemis de la chrétienté ? L'ouvrage d'Esther Dehoux montre que ce n'est rien de tout cela. Cet objet d'étude, si étonnant puisse-t-il paraître de prime abord, se révèle un observatoire du plus haut intérêt pour saisir les évolutions, tensions et aspirations qui ont travaillé la société médiévale en un moment crucial de son histoire. Les représentations, au sens large, de quatre figures importantes, Georges, Guillaume, Maurice et Michel, retenus parmi ces saints guerriers dont on a pu dénombrer quantité d'émules, témoignent de la reconnaissance de la singularité du combattant et de la volonté des hommes d'Église d'offrir à celui-ci une voie de salut spécifique. Le message est aussi parénétique que social. Il est également politique car la figure du saint guerrier peut autant servir la cause royale qu'encourager la réforme de l'Église et la mise en ordre(s) de la société que cette dernière implique. Avec ce livre, « les jongleurs de mots, les faiseurs d'images », mais aussi les spécialistes des pratiques religieuses et les historiens du politique trouveront de nouvelles pistes à explorer, de nouveaux regards sur des sources qu'ils pensaient connaître.