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Alors que beaucoup a été écrit au sujet de la violence extrême qui a touché le Rwanda à partir "avril 1994, ce cahier étudie un aspect encore largement inconnu de cette histoire : il s'agit de la brève période qui débute le 6 avril, avec l'attentat contre l'avion présidentiel et se termine le 9 avril, avec la prestation de serment des autorités "intérimaires". Ces trois jours revêtent une importance cruciale : c'est pendant ce laps de temps très court que se situent non seulement l'étincelle que constitue l'attentat, mais la mise en route de la machine à tuer et le début des massacres politiques, l'assassinat de dix casques bleus - qui a lourdement contribué au désengagement de la communauté internationale, les choix politiques qui ont rendu impossible toute solution pacifique et la reprise de la guerre civile, qui a porté le F. P. R. au pouvoir et créé une situation politique inextricable. L'auteur tente de suivre le parcours des divers acteurs militaires et politiques, les stratégies qu'ils développent les erreurs qu'ils commettent. Il le fait de façon très concrète. Basé, par la force des choses, essentiellement sur des témoignages, ce récit est loin d'être complet. Mais il fournit de nombreuses clefs, jusqu'ici inconnues, qui permettront d'aller plus loin dans la recherche de la vérité sur une des pages les plus sombres de l'histoire récente de l'humanité. L'historique de ces trois jours à Kigali est complété par le récit de trois autres jours, qui se sont déroulés du 20 au 23 octobre 1993 à Bujumbura, capitale du voisin méridional du Rwanda. La comparaison de ces deux événements est édifiante et montre, si besoin en était, que l'enjeu de la violence était, dans les deux cas, le pouvoir, que celui-ci soit détenu par une minorité au sein d'une ethnie majoritaire (Rwanda) ou par une minorité au sein d'une ethnie minoritaire (Burundi). L'auteur conclut par un avertissement : si des solutions politiques ne sont pas rapidement trouvées tant au Burundi qu'au Rwanda, les événements de 1993 et 1994 n'auront constitué que le prélude à une longue déstabilisation violente de la région des grands lacs. Dans ce cas, le pire est encore à venir. La survie de millions d'êtres humains se trouve mise en péril.