1846, la France s'ennuie. Les maîtres à penser de la gauche composent une mémoire de gloire et de justice en évoquant la Grande Révolution de 1789.... > Lire la suite
1846, la France s'ennuie. Les maîtres à penser de la gauche composent une mémoire de gloire et de justice en évoquant la Grande Révolution de 1789. C'est alors que les jeunes patriotes de l'autre Europe viennent chercher, en France, un enseignement qui légitime leurs luttes contre l'ordre imposé par Vienne et par Saint-Pétersbourg. Cette demande confirme les intellectuels français dans leur foi en l'universalisme missionnaire de leur Nation. La révolution de février 1848 est un échec. Le messianisme n'a plus de message. Les idéologues sont confrontés à une impasse de la pensée du progrès. Il appartient aux Russes de revendiquer le destin de la Révolution, la promotion de l'Homme Nouveau : ils ont la jeunesse des barbares, la puissance, et ne connaissent pas l'embourgeoisement qui étouffe les élans français. Dans les années cinquante du XIXe siècle, se joue un face à face entre l'Ouest et l'Est. Le modèle communiste russe s'oppose au modèle démocratique bourgeois. L'autre Europe préfigurant les choix contemporains oscille entre deux voies, vers l'Ouest ou vers l'Est, balance entre deux hégémonies. Quant aux intellectuels français, leur hâte à chercher ailleurs les moyens de la révolution dont la France n'a plus la force, préfigure les enthousiasmes tiers mondistes de nos années 1960.