La clé, c'est la routine. Il ne faut pas laisser de prise à l'effritement, à la paralysie qui guette toujours. Ne jamais cesser le mouvement. Elle... > Lire la suite
La clé, c'est la routine. Il ne faut pas laisser de prise à l'effritement, à la paralysie qui guette toujours. Ne jamais cesser le mouvement. Elle est en danger de mort ici : c'est un lieu vide, suspendu, hors du monde. Elle a failli se laisser prendre au piège au début. Les jours auraient vite passé.
Non, il faut massacrer la réalité, la trancher à la machette, tête baissée, obstinément.
Un impératif : débiter les heures et les minutes en tranches homogènes. Leur attribuer une fonction, faire de chaque seconde le rouage d'un engrenage gigantesque. Dompter la mort lente par une activité effrénée. Pas de relâche, pas de répit - travailler jusqu'au bout.
Marianne est consultante, ce qui veut tout et rien dire, mais surtout rien. Alors que tout est en place pour que sa vie coche toutes les cases de l'accomplissement le plus normal qui soit, un grain de sable grippe la machine. Il prend la forme des nuits berlinoises, l'étourdissement des drogues et de la fête. Mais il ouvre surtout vers un temps impossible à quantifier, à maîtriser. Une liberté.
Née en 1990, Louise Morel a travaillé dans l'une des principales agences de conseil en stratégie parisiennes, où elle a découvert le principe du "up or out" (tu montes dans la hiérarchie ou tu dégages).
Surprise que la littérature soit presque muette sur ce monde ) où se décident tant de plans de licenciement, elle s'est promis d'en faire un roman.
Aujourd'hui analyste financière pour un grand groupe, Louise Morel continue d'observer de près les rouages du capitalisme.