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Cette réflexion défend une thèse profondément hérétique par rapport au discours en vogue sur l'art moderne et contemporain toute innovation artistique, loin de dépasser ou d'abolir la représentation, en invente de nouvelles formes. L'art se maintient dans la représentation en s'approchant des limites où il risque de s'évanouir comme art: celles de la profusion ou de la confusion avec la vie, celle de l'abstraction vide.
Tel est le problème à penser : l'effort artistique de manifestation d'un " irreprésentable " est encore représentation. De même que l'expression artistique de l'informe est encore forme. La présence pure fuit, comme la pure énergie. Il n'y a pas d'art sans représentation, ni sans forme. Mais cette affirmation n'est pas celle d'un dogmatisme " réactionnaire " : elle s'appuie sur le travail même des artistes qui cherchent à se libérer de la représentation et de la forme. C'est le sens classique de ces deux notions que visent à renverser les tendances dominantes de l'art moderne et contemporain. Mais cet effort ne les fait pas pour autant entrer dans un régime non représentationnel et informel de l'art. C'est plutôt l'idée même de représentation que, volontairement ou non, elles nous invitent à repenser, pour l'ouvrir à l'énergie, au dynamique, au potentiel, au virtuel, à la singularité, à la totalité, à l'abstraction et à la matérialité. Car si l'art est représentation du réel dans toutes ses dimensions, il l'est aussi de sa propre activité et, plus profondément, de la vie dans sa puissance d'organisation, sachant qu'en elle jouent, inséparables d'un système de contraintes formelles, une dynamique transformationnelle, une variabilité individuelle et de l'aléatoire.
L'enjeu de cette réflexion est double : révéler la continuité de l'histoire de l'art, dans et par les " révolutions " formelles, matérielles et techniques ; éclairer les relations entre art et vie pour ouvrir à une biosymbolique de l'art.