Lorsqu'un individu change d'emploi, peut-on appréhender - et comment - les compétences qu'il "transfère" de l'un à l'autre, même si ces emplois sont... > Lire la suite
Lorsqu'un individu change d'emploi, peut-on appréhender - et comment - les compétences qu'il "transfère" de l'un à l'autre, même si ces emplois sont très différents ? C'est la question que pose le présent travail, appliquée à une population d'anciens ouvriers du textile ayant subi un licenciement collectif, et dont une partie a retrouvé un emploi, dans des secteurs très différents.
Chaque individu, en parlant de son travail et de lui au travail, indique qu'un même emploi peut être tenu et investi de manière très différente. C'est ce qu'on a pu observer pour des emplois très proches du textile. Ce qui signifie, du même coup, que chacun peut privilégier tel ou tel aspect de son travail - tout en effectuant les autres - et donc développer, valoriser, et éventuellement "transférer", à partir d'un même emploi, des compétences différentes (qui n'excluent pas, bien sûr, l'élaboration de compétences communes).
En outre, les "digressions" relatives à la vie hors travail, qu'un individu opère alors même qu'on l'interroge sur ses emplois d'origine et de reclassement, en disent long sur son rapport au travail en général. Cet élément, très important, a conduit à appréhender les "compétences" comme étant logées dans l'interaction de différents éléments de l'histoire de chacun, dont - mais pas seulement - les expériences de travail : elles s'élaborent, se réalisent, ou se révèlent dans la rencontre individu/situation.
Partant, la notion de "transfert", ne peut plus être entendue comme le repérage des requis ou des "être capable de." communs à deux emplois différents, mais comme ce que chaque individu "transporte" de lui/avec lui, de son histoire, à partir de différents éléments de sa vie professionnelle et personnelle, et qui fait écho, trouve à se réaliser ou non, qui fait sens pour lui - ou qui l'entrave - dans la nouvelle situation qu'il rencontre.