Un chasseur fait mine de dormir pour observer par une fente de la cloison un maigre marchand discuter de son pot-de-vin avec un chef de bureau ; un autre... > Lire la suite
Un chasseur fait mine de dormir pour observer par une fente de la cloison un maigre marchand discuter de son pot-de-vin avec un chef de bureau ; un autre jour, perdu et recueilli auprès d'un feu de camp, le chasseur écoute d'un oil les histoires à faire peur des gamins de paysans ; une autre fois encore, alors qu'il chasse la bécasse, il rencontre l'étrange Putois, un serf libre en échange d'une redevance de cinquante roubles par an...
Voici quelques exemples des vingt-quatre nouvelles qui constituent ce recueil. Inspiré par ses expériences de chasse, et à travers les yeux d'un narrateur effacé, Tourgueniev dévoile la vie des serfs russes, dessine le tableau d'une Russie à la faune et la flore gorgées de merveilles, tout en condamnant fermement le servage. Son engagement lui vaudra un mois de prison et une assignation à résidence sous surveillance policière pendant dix-huit mois. Cependant, l'impacte du livre sera conséquent : il est dit que ce recueil amena le Tsar Alexander II à abolir le servage.
Ivan Sergueïevitch Tourgueniev (1818-1883) est un écrivain russe. Né d'une famille noble, tout oppose le père à l'écrivain. Son indignation contre les injustices sociales est déjà présente dans les écrits et les pensées du jeune Tourgueniev. Pour s'émanciper, Tourgueniev s'initie à la chasse et la poésie. À la mort d'Alexandre Pouchkine, il traduit quelques-uns de ses poèmes aux côtés de Prosper Mérimée. Tourgueniev voyage beaucoup (France, Saint-Pétersbourg, Angleterre). En 1850, alors qu'il fréquente George Sand en France, Nicolas Ier exige le retour des Russes expatriés. Il retourne en Russie, et publie en 1850 « Mémoires d'un chasseur » qui lui vaudra la prison pour ses critiques du servage, et ses positions occidentalistes. Libéré au bout de quelques années, il partira de nouveau pour la France où il fera la rencontre de Flaubert, Zola, Prosper Mérimée, Alphonse Daudet, Jules Vernes.