Raymond Abellio

Sous la direction de Jean-Pierre Lombard. Abellio s'est exercé dans le roman, l'essai, les mémoires et le théâtre. Pour les uns, il appartiendra aux « littéraires », d'autres le rangeront parmi les « penseurs ». L'on ne comprendra pas cette ouvre si l'on persiste à respecter la classification par genres ou types de discours. Comme pour tout écrivain véritable, une visée s'ajuste, s'approfondit, se précise, à travers l'ouvre entière.
Abellio a souvent répété que selon l'avancement de la réflexion, l'écriture relevait ou du germe ou du fruit. L'expression du trop-plein de la pensée ne peut être arbitraire mais s'impose au contraire par le stade de sa genèse. Ainsi sommes-nous fort loin d'un mode d'écriture lié au plaisir ou à un intérêt passager. L'écriture est ici l'action surqualificatrice de la pensée en train de se penser, capable de retour sur elle-même, de reprise et d'intensification.
C'est à ce titre qu'Abellio lui assigne, comme à l'amour, la propriété d'être à la fois originelle et ultime. L'ouvre d'Abellio est opératoire, c'est-à-dire qu'elle est en droit d'exiger de son lecteur une participation active, puisqu'elle invite à considérer un nouveau travail rationnel à effectuer sur le champ de nos disciplines et de nos expériences respectives, quelles qu'elles soient. Enfin Raymond Abellio intègre à sa pensée des domaines aussi variés que la philosophie, l'art, la politique, l'ésotérisme, les sciences sans pour autant tomber dans le travers de l'éclectisme qui stratifie tout et donne des points de vue, c'est-à-dire une série de visions locales. Numérisation réalisée avec le soutien du CNL.