Dans ses idées, ses mours, son style de vie et ses chances d'avenir, la masse des hommes se voit aujourd'hui gouvernée par l'étroite élite de ceux... > Lire la suite
Dans ses idées, ses mours, son style de vie et ses chances d'avenir, la masse des hommes se voit aujourd'hui gouvernée par l'étroite élite de ceux qui font la science. D'où, chez certains savants, une complaisance aristocratique, comme si, étant seuls à comprendre ce qu'ils font, ils n'avaient de comptes à rendre à personne ; et, chez les non-scientifiques, un complexe de frustration et de ressentiment qui finit par se tourner contre la science même. Pierre-Henri Simon s'en tient ici à considérer la projection de la science sur la conscience : soit qu'elle fonde, par l'idée même qu'elle donne du monde et de l'homme, un nouvel humanisme ; soit que le savant, en extrapolant sur les données certaines de son savoir, conclue en métaphysicien et en moraliste. Or il apparaît que cet humanisme implicite et ces conclusions explicites ont généralement l'accent d'un pessimisme radical : ce qui est proclamé après la mort de Dieu, c'est le néant de l'homme. Et pourtant, l'homme est là, avec sa revendication de raison et de liberté. Alors ?