Biographie d'Albert Bastenier
De quels discours disposons-nous et à l'aide de quels concepts peut-on penser l'avenir des rapports sociaux dans l'Europe des migrations de plus en plus hétérogène et cosmopolite, démographiquement et culturellement transformée par les flux de population que la mondialisation intensifie ? Ce livre défend l'idée selon laquelle, pour penser ce devenir, il est nécessaire de se réinterroger sur l'usage de certaines notions qui paraissaient aller de soi, comme celle du racisme, et de réviser l'usage de certaines catégories d'analyse, comme celle d'intégration.
L'une des grandes questions pour les sciences sociales est devenue non pas celle de "penser l'après-colonialisme" mais de "penser après le colonialisme" c'est-à-dire en abolissant une vision du monde qui entérinait les différences et confinait les "autres" dans un statut culturel subalterne. Ainsi parler de "racisme à l'égard des immigrés" c'est persévérer dans la mise en oeuvre d'une catégorisation qui ne renseigne pas sur ce que la situation actuelle des sociétés européennes présente d'inédit.
De même s'obstiner à vouloir l'intégration des immigrés c'est leur demander non seulement de se "convertir" à une vision occidentale du monde mais aussi contribuer paradoxalement à leur exclusion.
Une réflexion théorique qui cherche moins à fournir des solutions immédiates qu'à poser des questions pouvant aider à faire comprendre l'évolution de notre société : il vaut mieux que notre société soit peuplée "d'acteurs ethniques" plus que de "victimes du racisme".
C'est de la reconnaissance d'une ethnicité comme organisation sociale de la différence que l'on peut espérer une sortie de la résignation actuelle et la recherche de voies démocratiques de résolution des nouvelles contradictions que notre Europe aura à vivre.