L'architecture reflète l'homme et le cosmos. En particulier Freud a élaboré une topique qui est une représentation architecturale de l'inconscient.... > Lire la suite
L'architecture reflète l'homme et le cosmos. En particulier Freud a élaboré une topique qui est une représentation architecturale de l'inconscient. Le traumatisme de la naissance, qui est lié à l'invasion du moi par le monde extérieur, semble à l'origine de l'aspect sécuritaire de l'architecture. Par l'architecture, l'homme s'efforce de consolider sa maîtrise, toujours menacée, sur le monde et sur lui-même. Il assure cette emprise par des procédés divers : fragmentation, miniaturisation, contextualisation, dématérialisation. De la sorte il peut, en se situant dans l'architecture, se découvrir lui-même dans le miroir du monde. Mais cette maîtrise serait fragile si l'homme n'utilisait pas l'outil architectural pour dominer ses semblables. L'architecture apparaît alors comme un modèle du père. Ses qualités de secret et de transparence sont ici particulièrement mises à profit. Cependant l'architecture n'exerce pas seulement une influence sur les tiers, elle modèle aussi ses occupants, notamment par les rôles qu'elle les incite à tenir. En définitive, l'architecture se révèle être un agent d'information. C'est une sorte de langage, à la fois formel, comme celui de l'inconscient, et codé, comme celui de la conscience. A cet égard, l'architecture fonctionne comme un véritable système de traitement de l'information. Elle trie, rassemble, classe, ordonne, les données hétéroclites du monde extérieur et surtout les signes plus ou moins inconscients du monde intérieur, de la psyché, pour les rendre utilisables par les capacités limitées de l'esprit humain. Précisément, l'architecture se présente comme cet écran sur lequel le monde intérieur, aussi bien qu'extérieur, peut, en se détachant, accéder à la visibilité. Ainsi le cosmos, y compris le sujet, apparaît-il doté d'une clarté nouvelle. De la sorte, grâce à l'architecture, l'homme peut mieux se percevoir parce que le monde lui est visible, c'est-à-dire sinon maîtrisé, du moins maîtrisable.