Prosper Mérimée occupe une place très particulière dans la littérature française. Auteur de quelques romans célèbres, Carmen, Colomba, il a écrit... > Lire la suite
Prosper Mérimée occupe une place très particulière dans la littérature française. Auteur de quelques romans célèbres, Carmen, Colomba, il a écrit des nouvelles « parfaites » et a réussi, dans un style sec et précis, dépourvu de lyrisme, à devenir le vrai novateur, celui qu'on lit aujourd'hui sans surprise, un contemporain. De La Vénus d'Ille à Lokis, il réalise le fantastique tel qu'on pourrait le concevoir de nos jours. Auteur de transition il nous surprend, il est une césure dans un XIXe siècle qui oscille entre le larmoyant et le réalisme. L'homme remarqué dès sa jeunesse et admis dans le monde, donne parfois dans la vulgarité de son époque. Il s'en tire par l'orgueil et par le quant-à-soi. Alliant le goût des « filles » à l'amour le plus fidèle, il apparaît fragile, presque toujours souffrant de ses élans, hautain, nerveux, n'en laissant rien paraître. Vieilli de bonne heure par une maladie progressive et sans pardon, il mène son itinéraire politique du libéralisme à la plus stricte réaction. Il vieillit mal, mais, malade, peut-on vieillir bien ? Son rude chemin, poursuivi avec un courage sans faille, attendrit. Son admirable correspondance est le reflet exact de sa personne. On s'en est beaucoup servi ici pour définir un homme ordinaire qui possédait un grand talent, talent oublié souvent au profit de la vie quotidienne, des miroirs tournoyants qui toujours nous fascinent, la vanité et les honneurs.