Le point de départ des révoltes politiques dans le monde arabe a été Sidi Bouzid, qui faisait partie des euphémiques ""zones d'ombre"" de la Tunisie... > Lire la suite
Le point de départ des révoltes politiques dans le monde arabe a été Sidi Bouzid, qui faisait partie des euphémiques ""zones d'ombre"" de la Tunisie intérieure, régions rurales délaissées par les investissements et caractérisées par un manque chronique de ressources. Ces soulèvements trouvent-ils leur origine dans la rareté des ressources et les disparités territoriales ou les inégalités générées par l'allocation des ressources sont-elles centrales ? La gouvernance des ressources naturelles n'est pas encore analysée de manière systématique au sud de la Méditerranée, alors que l'on voit poindre des inégalités croissantes dans l'utilisation des ressources des secteurs agricoles, hydriques, forestiers ou halieutiques. Peut-on expliquer ces inégalités par la seule libéralisation des deux dernières décennies ou doit-on les imputer aux politiques mises en oeuvre par les Etats de la région, dont les autocraties vacillent ?
Au-delà des conjonctures politiques ou des interprétations de crise des régimes, les auteurs interrogent les mécanismes de mise en oeuvre des politiques de gestion de la nature, à l'aune des effets de pouvoir qu'ils suscitent à différentes échelles et au niveau de différents secteurs, afin d'analyser la construction sociale des inégalités d'accès aux ressources naturelles et aux rentes associées à leur valorisation. Ces politiques revêtent plusieurs formes, des modèles de gestion aux réformes sectorielles et aux approches spatiales ou territorialisées.
Cet inventaire passe par une réflexion sur les principaux schémas de gouvernance des ressources naturelles en évaluant l'alternative de gestion par les communautés, les tendances des politiques agricoles et de l'eau, les outils spatiaux de conservation des espaces littoraux, les statuts conférés aux savoirs locaux, et les indications géographiques. Ces perspectives croisées sur la gouvenrance des ressources révèlent divers mécanismes de gouvernement de la nature qui tendent à créer de l'injustice, révélatrice des changements contemporains dans les manières d'allouer des ressources matérielles et immatérielles liées à l'environnement des sociétés du sud de la Méditerranée.
Cet ouvrage est le fruit de la rencontre de chercheurs de multiple disciplines des sciences sociales et d'horizons différents regroupés dans un réseau nord sud et intitulé Gouvernance et sociétés en Méditerranée (egs-mediterranee.org). Ce réseau est dédié aux problématiques de gouvernance des ressources dans l'espace méditerranéen et s'inspire du champ de la political ecology.