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La psychiatrie met des étiquettes sur des comportements, cherche à remettre de l'ordre, à restaurer des ordres dérangés ; elle enferme les êtres dans des diagnostics, voire des asiles. La psychanalyse, elle, est une écoute ; l'apprentissage d'une langue : celle que parle l'analysant. Car on parle névrotique, pervers ou psychotique, un peu comme on parle anglais, allemand ou chinois. En plus, on ne parle pas forcément sa propre langue... Le discours de l'analyse est un poème, qui emprunte tous les chemins : il peut tout faire, se jouer de tout et de tout le monde, y compris du poète. Il s'agit bien de glossolalie comme, au matin de la Pentecôte, tous ces Galiléens et disciples incultes qui se mirent à parler de multiples langues qui leur étaient jusque-là inconnues sous l'impulsion de l'Esprit, à ce que raconte la légende. Et l'écoute de l'analyste, attentive aux langues qui se parlent, tente d'établir les genres de ces poèmes, leurs styles et leurs figures ; d'en dégager la grammaire et la syntaxe, même si les langues utilisées changent à l'intérieur d'un même chant : l'analysant est un poète polyglotte.