Fruit d'une longue et patiente recherche, l'anthologie de la poésie sénégalaise que Babacar Sall propose au lecteur arrive à point nommé, puisqu'elle... > Lire la suite
Fruit d'une longue et patiente recherche, l'anthologie de la poésie sénégalaise que Babacar Sall propose au lecteur arrive à point nommé, puisqu'elle permettra à chacun et à tous d'évaluer le chemin parcouru par les poètes au Sénégal au cours des dernières années. Les textes d'un Charles Carrère peuvent être perçus comme un bruissement ininterrompu de la langue, alors que d'autres poètes forgent des vers qui laissent transparaître une force excessive ou un égarement ponctuel ou innommable. Les poèmes d'Adam Loga Coly sont liés aux mouvements inouïs et illimités de l'onirisme et du ravissement, alors que ceux de Lamine Diakhate reflètent une grande gravité et une extrême densité. D'autres noms pourraient être cités, et d'autres approches de la poésie pourraient être mentionnées... Ces noms et ces approches sont tous ici honorés. De Birago Diop à Amadou Moustapha Wade et de Léopold Sédar Senghor à Kiné Kirama Fall, les poètes sénégalais ont mêlé et mêlent le chant à la célébration du passé et à l'expression ou à l'exploration de formes poétiques d'une grande vitalité. Lorsque le recueil de l'héritage s'apparente à une soumission à un langage suranné, l'ouvre poétique n'amorce, n'annonce et n'énonce, à la limite, rien. Les plus grands poètes du Sénégal indiquent et attestent que c'est en allant à la recherche de mots, de liaisons et de rythmes singuliers que l'ouvre devient, dans son essence, l'exaltation, l'épanouissement ou l'apothéose d'une expérience libre et riche.