Je n'aime ni lire ni écrire, surtout les livres des autres. On n'y parle pas assez d'émoi. J'aime mieux les milliers de pages blanches de mon roman-rêve,... > Lire la suite
Je n'aime ni lire ni écrire, surtout les livres des autres. On n'y parle pas assez d'émoi. J'aime mieux les milliers de pages blanches de mon roman-rêve, Le retour de la princesse de Clèves, chef-d'ouvre immature, qui dort dans le coffre-fort d'un château fort gardé par un dragon fort sélectif, au dernier étage de la voie lactée. Quand j'arrive à la porte du château, j'ai perdu la clé, et le dragon fait celui qui ne me connaît pas. Il allume une cigarette, crache la fumée par les narines, et me souffle, dans un rictus goguenard, un bon tuyau, une affaire juteuse, il s'est encore débrouillé pour me trouver un petit job, provisoire, un boulot peinard, une basse besogne, un contrat en béton, une nouvelle épreuve, une douzaine de travaux d'Hercule. Il me conseille de soigner mon style et d'acheter une syntaxe rigoureuse. Il me veut plus clean que clown ; il a fait des sondages dans les maisons de la presse. Et je me retrouve toujours dans les oubliettes du château, attelé à des rames de papier recyclé.