Pendant des années, Pascal Rabaté a réalisé des albums extraordinaires, parlant de gens ordinaires, dans l'indifférence générale. Seuls ses éditeurs croyaient en lui. Il a fallu qu'il adapte un roman russe épique (et oublié) Ibicus, d'Alexei Tolstoï, pour que tout le monde lui reconnaisse du génie. Et Pascal Rabaté a alors pu reprendre ses chroniques provinciales, n'hésitant à changer de style quand bon lui semble.
"Je n'ai pas de style, je cherche simplement à ce que la forme corresponde au fond. Quand on veut faire un trou vaut mieux prendre une pelle qu'un râteau, pareil pour le dessin, je ne me sens pas de travailler un dessin expressionniste quand je veux faire une comédie. Et dessiner de la même façon, c'est la mort du petit cheval, c'est refuser d'avancer."
Même happé par l'ouvrage, de temps en temps lève ton nez.
Cette maxime, citée par David Prudhomme dans son ouvrage L'Oisiveraie 2 résume assez bien la philosophie de cet auteur soucieux « d'affiner » son travail en permanence.
Ce n'est donc pas un hasard s'il s'associe à Pascal Rabaté, pour son arrivée chez Futuropolis, pour proposer une chronique familiale douce-amère, La Marie en plastique.
David Prudhomme trouve un malin plaisir à toutes ces petites choses qui enlisent la vie dans le pas grand-chose et la coincent dans le rien du tout. Ce quotidien, David Prudhomme se l'approprie pleinement, en croquant, d'un trait de plus en plus épuré mais juste, des trognes d'hommes de la rue, icônes de zinc, avec un naturel et une économie de moyens que beaucoup peuvent lui envier.
"Parallèlement, en fait depuis toujours, j'alterne une veine grave et une fibre fantaisiste, du dessin classique aux « gros nez », de l'expressionnisme au mimétisme des figures, telle idée de grand écart qu'offre le dessin n'en finit pas de m'attirer et j'essaie de devenir de plus en plus souple ! Tout en restant ferme !"