Les lunettes haut perchées sur le front, une voix aigrelette, des mots qui se pressent dans sa bouche, c'est Pierre Lazareff. Pierrot les Bretelles,... > Lire la suite
Les lunettes haut perchées sur le front, une voix aigrelette, des mots qui se pressent dans sa bouche, c'est Pierre Lazareff. Pierrot les Bretelles, Pierre le patron de France-Soir de 1949 à 1972. Petit homme et géant du journalisme. Un farfadet qui disait : J'ai bricolé ma vie. Il est né à Paris le 16 avril 1907. Au carrefour de la rue Drouot et du Faubourg Montmartre, dans un immeuble occupé surtout par des lapidaires comme l'était son père David, juif russe émigré. Le Gaulois et Le Figaro sont installés à deux pas. Et, sur les boulevards avoisinants, cafés et brasseries accueillent artistes et chroniqueurs à l'affût derrière leur vermouth. C'est l'aube d'une Belle Époque à laquelle Pierre Lazareff restera attaché par un souvenir nostalgique et sacré. Gaston Leroux, l'illustre reporter du Matin le prend en sympathie, reconnaissant dans ce gamin à la longue chevelure rousse, enthousiaste et volubile, informé de tout, déjà familier des coulisses, le personnage de Rouletabille. Entre ses échos de débutant dans La Rampe, et la direction de France-Soir, s'inscrit une carrière exemplaire, marquée surtout par l'aventure unique de Paris-Soir, ouvre de Jean Prouvost, un jeune industriel du Nord, qui va se révéler l'un des plus prestigieux patrons de presse d'avant-guerre. Pendant la guerre, émigré aux États-Unis, il se voit confier par le Président Roosevelt la direction de la section française de La Voix de l'Amérique. Au lendemain de la Libération, Défense de la France, née pendant la Résistance, appelle Pierre Lazareff qui va très vite en faire France-Soir. De 1959 à 1968, avec Cinq colonnes à la une, il invente un nouveau langage à la télévision, montrant à quel point il était capable de s'adapter à un mode d'expression qu'il avait tout de suite assimilé. Faisant passer l'événement à travers les hommes, Pierre touchait les cours, à la limite du mélodrame. C'est un art, dit-on dépassé, mais la popularité de l'émission ou de son journal, est d'abord explicable par cette émotion réelle qui l'animait. Pierre Lazareff était un être généreux, courageux aussi. Pour le meilleur et pour le pire.