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Comment lire et prolonger au présent les Essais de Montaigne dans ce qu'ils ont de plus philosophique ? Comment être attentif à la fois à la lettre du texte et à la conceptualité - discrète et cependant insistante - des éclaircissements philosophiques qu'ils proposent ? L'analyse des manières d'essayer et des matières des Essais distingue un mode d'exploration et d'orientation plus méthodique qu'il n'y paraît ainsi que divers registres ou instances d'examen (la destitution sceptique, l'exposition de soi, les considérations de poétique et d'éthique). Mais il faut aller au-delà ou plutôt en deçà de ces instances évidentes pour expliciter ce qui apparaît dans les éclaircissements montaigniens et dans tous les registres : des concepts primaires que transcrivent les verbes changer, communiquer, faire, tenir, essayer. A travers l'exercice et la mesure de la capacité de tenir dans les changements, les commerces, les effectuations, c'est l'oblique mais indéniable consistance du réel qui est ainsi aperçue. La confrontation des Essais de Montaigne et des Recherches philosophiques de Wittgenstein conduit, dans un éclairage réciproque et en mesurant le risque de leur devenir infidèle, à préciser la nature et la forme d'une conceptualité que les Essais invitent à expliciter davantage.
Christian Cavaillé, né en 1943, est un ancien élève de l'École Normale d'Instituteurs de Toulouse et de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Agrégé de philosophie, il a enseigné la philosophie de 1967 à 2003.