Athènes, patrie de la démocratie, a-t-elle également inventé l'oligarchie ? Elle n'a certes pas imaginé le fait de confier le gouvernement de la... > Lire la suite
Athènes, patrie de la démocratie, a-t-elle également inventé l'oligarchie ? Elle n'a certes pas imaginé le fait de confier le gouvernement de la Cité à un petit nombre de dirigeants (encore qu'elle ait à plusieurs reprises fait l'expérience de ce type de régime), mais elle a sans doute conçu le mot qui nomme ce régime, le concept qui le définit, l'argumentation qui le justifie. C'est la naissance même de la notion d'oligarchie que ce livre se propose de retracer, au cour des réflexions athéniennes sur la nature et la valeur comparée des politeiai, dans le creuset des débats sur la légitimité qu'a le dèmos à exercer le pouvoir dans la cité ou qu'ont les « meilleurs » à être reconnus comme tels, au centre des conflits sur les implications des choix politiques d'Athènes, à l'intérieur comme à l'extérieur. Une première partie s'intéresse à l'histoire des mots : à l'émergence de ces termes (démocratie, oligarchie, aristocratie, tyrannie, ploutocratie...) aujourd'hui devenus si familiers qu'on en oublie leur valeur originelle, souvent plus polémique que descriptive ; à leur évolution rapide au gré des événements ; aux déplacements de sens qu'ils connurent sous l'effet de la propagande ou du discrédit. Une seconde partie retrace les débats suscités dès l'origine par les définitions successives de l'oligarchie : qu'est-ce finalement qu'un « petit nombre » ? Faut-il le limiter, voire le délimiter ? Qui en décide ? Comment et selon quels critères ? Une troisième partie enfin s'interroge sur les modèles convoqués par les partisans de l'oligarchie à Athènes, modèles empruntés à l'histoire contemporaine ou très ancienne, modèles contradictoires, utopiques ou fantasmés, retaillés à l'aune de la Realpolitik, visant toujours cependant à créer de l'inégalité et de la domination et refusant définitivement d'identifier le dèmos à la cité.