Je regarde vivre Dumby et, en même temps, je ressuscite son passé. Le temps du narrateur et celui de la narration progressent ensemble, mais à des... > Lire la suite
Je regarde vivre Dumby et, en même temps, je ressuscite son passé. Le temps du narrateur et celui de la narration progressent ensemble, mais à des vitesses différentes, si bien qu'en un certain point le second rattrape le premier. Pas pour longtemps : presque arrivé à destination, le train qui emportait mon personnage vers le bonheur, déraille. Du même coup, le roman, qui semblait devoir rouler jusqu'au bout sur des rails lisses et rectilignes, verse lui aussi dans le fossé au milieu des hurlements des victimes. De la dévotion de Dumby à la Bérénice d'avant, on ne dira pas même ce que Flaubert écrivait de Salammbô : « Le piédestal est trop grand pour la statue. » Il n'y avait jamais eu de statue. Rien qu'une poupée de carton. Restait à détruire - avec autant de minutie qu'il l'avait édifié - le socle inutile. Et à jeter au fumier cette dépouille, tout ce qui subsistera d'une des femmes les plus tendrement aimées - et admirées ! - de notre époque.