Indépendance est le maître mot de ce récit, la clé du comportement de tous les personnages, vrais dans un décor lui-même vrai, et superbe, même... > Lire la suite
Indépendance est le maître mot de ce récit, la clé du comportement de tous les personnages, vrais dans un décor lui-même vrai, et superbe, même si la trame a été voulue romanesque. Indépendance en premier lieu de l'île Muscade, condensé de toutes les Antilles françaises ; indépendance aussi et surtout des héros féminins. Muscade a accédé à l'indépendance en 1945, mais il faudra attendre les années soixante-dix pour voir les femmes de l'île, békés ou mulâtresses, se libérer peu à peu de tabous et de traditions encore vivaces. Cela ne s'est pas fait tout seul. Marion et Lise, l'une professeur, l'autre infirmière, Françaises coopérantes débarquées à Muscade avec leur mari, séduites par la somptuosité de l'île, soucieuses de s'adapter à ses façons de vivre, celles notamment de Port Christophe, la capitale, de retour en France confrontent leurs souvenirs et recomposent le puzzle de leurs observations, au cours de ce récit, pittoresque sans excès, document objectif, au-delà d'une atmosphère, d'une vibration avant tout féminines. Ce témoignage tourne autour de deux autres femmes, symboles de la libération des Muscadiennes : Edith, la béké ou créole ; Maïna, la mulâtresse ; l'une et l'autre appartenant à la plus haute société, celle qui gouverne l'île ; l'une et l'autre d'une grande beauté ; Edith, femme de caractère, ayant su prendre en main son destin ; Maïna, fragile, épouse séparée d'un Français établi dans l'île, meurtrie par le conflit qu'elle a provoqué.