S'il est une notion qui, principalement en raison de l'ouvre de Walter Benjamin, peut sembler emblématique de la modernité, c'est bien celle de « passage... > Lire la suite
S'il est une notion qui, principalement en raison de l'ouvre de Walter Benjamin, peut sembler emblématique de la modernité, c'est bien celle de « passage ». L'auteur de Paris, capitale du XXe siècle, voyait dans les passages commerciaux situés dans les grandes villes comme une sorte de symbole du monde moderne. Sa vie, mais aussi sa mort à Port-Bou en 1940, firent par ailleurs de lui un « passeur » à cheval entre plusieurs mondes et plusieurs époques. Enfin, son grand livre inachevé, gigantesque recueil de notes en vue d'une histoire globale de ce qui faisait la modernité du XIXe siècle, est aujourd'hui connu sous le nom de Livre des passages. Il n'est évidemment pas question de traiter ici de l'ouvre de Benjamin. Si l'on a jugé bon de la mentionner, outre le fait qu'elle est sans doute assez directement responsable du titre de ce colloque, c'est parce qu'elle peut aussi nous inviter, ne serait-ce que par comparaison, à nous interroger sur les différents « passages » médiévaux, pas moins nombreux qu'à l'époque contemporaine mais nécessairement différents quant à leur signification. En effet, dans un monde divers, contrasté, fragmenté comme l'est celui du Moyen Âge, ne peut-on penser que le « passage » d'une région à une autre, d'une langue à une autre, d'un statut à un autre, représentent des changements plus importants que dans nos sociétés modernes, toujours plus homogènes ?