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L'amour courtois - selon l'expression proposée par Gaston Paris - constitue-t-il un code amoureux que viendraient illustrer poètes et romanciers ou bien plutôt ne serait-il pas, essentiellement, un jeu poétique, une activité qui engage des relations fortes entre les membres d'un groupe ? C'est la question que pose cette étude d'un cercle de poètes arrageois de la deuxième partie du XIIIe siècle : le puy d'Arras. Trouvères d'occasion ou professionnels, ces bourgeois débattaient en vers et en musique sur des « cas » amoureux : les jeux-partis. Cette forme, qu'ils héritaient des troubadours, leur avait paru propice à la circulation de la parole poétique dans leur communauté. Hommes d'argent et de commerce, clercs, princes de passage, tous pratiquaient, à l'occasion d'assemblées annuelles, une lyrique collective, à la fois érotique et réflexive. Discuter d'amour était aussi bien se montrer habile que subtil connaisseur en amour, c'est-à-dire experts des situations amoureuses types forgées par la lyrique. Compétition serrée, polémique parfois violente, échange ironique, les enjeux pour chacun étaient divers : amicaux, sociaux, poétiques... De ces exercices communs souvent brillants émergent des individualités lyriques : Guillaume le Vinier, Adam de la Halle surtout, qui mettra en scène dans une oeuvre aux multiples facettes le choix impossible entre la communauté et la singularité, la solidarité du compagnonnage et le désir de rompre, l'amour de la femme et l'amour des études.